Lanas

LANAS; PAPILLON ex bagnard enterré à Lanas.

Henri Charrière nait le 16 novembre 1906 à Saint Etienne de Lugdarès. Ses parents sont tous deux enseignants. Il est le troisième enfant et seul garçon de la fratrie.

Il y a 50 ans, le 2 août 1973, Henri Charrière dit Papillon, était inhumé au cimetière de Lanas en Ardèche. Il y retrouvait sa mère, décédée alors qu’il avait 11 ans, un chagrin qui l’avait poursuivi toute sa vie.

En 1910, la famille s’installe à Pont-d’Ucel près d’Aubenas, Henri fréquente l’école communale où enseignent ses parents. C’est un enfant turbulent, indiscipliné, rebelle mais généreux.

Son père doit partir pour la guerre en 1914. Henri se transforme en chef de famille auprès de sa mère et en chef de clan auprès des enfants de son âge. Il est connu comme un Saint-Benoît (terme qui désignait les malfaiteurs et un quartier d’Aubenas peu fréquentable à cette époque).

Après le retour de son père blessé, en 1917, sa mère décède. Le chagrin du jeune Henri est immense, il devient agressif et querelleur.

Son père le met en pension à Crest dans la Drôme. À l’occasion d’une bagarre, il blesse sérieusement un de ses camarades. Pour éviter les poursuites judiciaires, il n’a que 17 ans, son père lui fait signer un contrat d’engagement dans la Marine Nationale.

Après un passage à Toulon, il se retrouve dans un régiment disciplinaire en Corse, à Calvi, où il se fait tatouer un papillon sur la poitrine (ce qui lui vaudra plus tard son surnom de « Papillon »), puis à Corte. Dans ce régiment il va rencontrer des têtes brûlées qui vont l’orienter insensiblement vers l’illégalité.

Réformé de la Marine le 28 avril 1927 après s’être mutilé sciemment un pouce, il revient en Ardèche, écume les bals, avec bagarres et larcins à la clé.

Un temps il joue au rugby à Aubenas, passe des concours pour intégrer l’administration. Il réussit, mais son dossier militaire l’empêche d’obtenir un poste.

Vexé, il part à Paris où il va mener une vie agitée et dissolue pendant deux ans. Il est garçon de café à Pigalle. Ses revenus sont améliorés par sa compagne dite « Nénette », peu farouche pour ses dix-huit ans…

Un soir de mars 1930, il est mêlé à une histoire de meurtre : un certain Roland Legrand, officiellement charcutier, officieusement souteneur, est blessé par balle et meurt après avoir désigné son meurtrier par un mot : « Papillon ».

Henri Charrière est suspecté malgré l’absence de preuves et de témoins. Il niera toujours y avoir participé.

Le 28 octobre 1931, il est jugé et condamné pour meurtre aux travaux forcés à perpétuité au bagne en Guyane française.

Le bagne, c’est la mort mais pour cet homme d’action ce sera vite le lieu où vont s’exacerber son désir de vengeance et son envie de retrouver sa famille et sa liberté.Un mot devient sa devise : évasion. Un tatouage, son surnom : Papillon. Après plusieurs tentatives, au bout de treize ans, il s’évade à nouveau avec quatre compagnons. Après de nombreux déboires, un passage par la Guyane anglaise, la traversée de l’océan dans un canot, l’enfermement dans un bagne au Venezuela, il parvient à Caracas au Vénézuela en 1946. Il y est naturalisé en 1956 et se marie.

Il va par deux fois tenter la belle, au mépris des difficultés et des dangers. La deuxième sera la bonne et il s’établit à Caracas, au Venezuela.

Devenu commerçant respectable, Papillon exploite un hôtel, il gérera également avec son épouse plusieurs restaurants et discothèques.

En 1956, il embarque pour l’Europe avec son nouveau passeport de citoyen vénézuélien. Il retrouve en Espagne ses deux sœurs. De retour au Vénézuela il gère une entreprise de pêche aux crevettes, puis un restaurant.

Sa  peine est prescrite en 1967, Papillon peut fouler à nouveau le sol français.

En septembre 1969, pour son retour en Ardèche : une longue queue l’attend devant la librairie Marquand à Aubenas. Un séjour au cours duquel il va retrouver plus intimement Ucel et la région d’Aubenas qui lui rappellent tant de souvenirs. Il se confie alors à deux journalistes locaux : André Griffon et Jean Paulet avec lesquels un climat de confiance s’établit. Mais c’est seul, écrit Vincent Didier dans la biographie qu’il lui consacre, qu’il se rend au cimetière de Lanas, sur la tombe de sa chère « maman ».

Le 29 juillet 1973, il décède à Madrid d’un cancer de la gorge. Il a 67 ans. Le 2 août, il est inhumé au cimetière de Lanas pour y trouver le repos après une vie bien remplie.

Et comme rien n’a jamais été ordinaire avec ce personnage, sa tombe sera surveillée par les Renseignements Généraux durant quelques semaines de peur qu’elle ne soit profanée à cause d’une rumeur : il aurait été enterré avec l’énorme diamant qu’il portait toujours au doigt. Sauf que Vincent Didier a une version plus personnelle, comme l’aurait aimée Henri Charrière : «  Les autorités ont tenu à le surveiller une dernière fois, surveillance d’autant plus facile qu’ils savaient qu’il ne s’évaderait plus !  

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Marie
Author: Marie

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